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CHAPITRE X.

germes de tous les êtres qui devaient se développer dans la suite des siècles, soient sortis directement, à l’origine, des mains du Créateur ; que, dans ces germes, soient en petit, ou comme on disait, en miniature, tous les organes, la génération ne faisant, selon l’expression de Régis, que les rendre plus propres à croître d’une manière plus sensible. Cette hypothèse, dominant à la fois la zoologie proprement dite, l’anatomie et la philosophie naturelle elle-même, chacune de ces branches en subira nécessairement et profondément l’influence. Ses conséquences directes seront, en anatomie, la réduction de l’embryogénie à un rang très-secondaire, puisqu’il ne reste plus qu’à épier le moment où tous ces petits organes préformés auront assez grandi pour devenir perceptibles à nos sens ; en zoologie, la fixité des espèces, et l’admission sans limites des causes finales ; la première, parce que toutes les différences entre les êtres organisés sont initialement établies par le Créateur lui-même ; celle-ci, parce que la sagesse suprême, en appelant dès l’origine tous les êtres à une vie ou dès lors active ou latente, en a nécessairement ordonné les conditions. Il est clair que ce système laisse peu de place à la recherche des lois générales : chaque type, ayant été fait seulement en vue de sa destination propre, et étant essentiellement distinct de tous les autres, il ne reste guère qu’à constater,