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DISCUSSION ACADÉMIQUE DE 1830.

ou son disciple ou son adversaire. Disciple, Cuvier ne pouvait l’être de personne, et, par les tendances propres de son esprit, moins de Geoffroy Saint-Hilaire que de tout autre : il devint donc adversaire. Mais combien de temps s’écoula, avant que leur mésintelligence scientifique fût par eux nettement perçue ? Combien encore entre l’instant où elle le fut, et celui où une désunion, qu’ils eussent voulu d’abord ne pas s’avouer à eux-mêmes, fut portée devant le public ? Et dans la lutte de Cuvier contre ces nouvelles doctrines à la création desquelles il avait assisté et d’abord vivement applaudi, que de degrés successifs de l’assentiment incomplet au doute, du doute à la négation partielle, de celle-ci au rejet de l’ensemble de la Théorie des analogues, et de ce rejet absolu à une doctrine plus extrême encore : l’adoption exclusive de la méthode analytique, la condamnation des théories en général, et cette déclaration solennelle que la sagesse consiste pour le naturaliste à s’en tenir à l’exposé des faits[1]. On voit que, comparable au flot qui monte et ne s’arrête qu’après avoir touché le rivage, l’opposition de Cuvier aux vues de Geoffroy Saint-Hilaire ne s’arrêta que lorsqu’il ne fut plus possible d’aller plus loin.

Et il devait en être ainsi. Il fallait qu’ils en vinssent à résoudre en sens inverse les six grands

  1. Voyez plus haut, p. 127.