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CHAPITRE XI.

superflus par tout ce qui précède, essayons du moins de retracer dans leurs traits généraux ces mémorables débats, d’une si grande portée, dit l’illustre auteur de la Métamorphose, et tels que l’histoire des sciences n’en présentera peut-être jamais un second exemple.

Nous l’avons dit ailleurs : quand ils éclatèrent, en 1830, il y avait vingt-sept ans que les opinions nouvelles de Geoffroy Saint-Hilaire sur les classifications l’avaient séparé de Cuvier sur un point ; vingt-quatre qu’un autre élément de division, et celui-ci beaucoup plus grave, était intervenu entre ces deux collègues, ces deux amis, ces deux collaborateurs, qui, durant huit années, n’avaient eu qu’un cœur et qu’une pensée. Du jour où, en 1806, Geoffroy Saint-Hilaire entreprit de démontrer l’Unité de composition par sa méthode propre, par l’alliance de l’observation et du raisonnement ; du jour où il donna place à la synthèse à côté, disons mieux, au-dessus de l’analyse, le germe de tous les dissentiments futurs entre Cuvier et lui fut jeté dans la science ; mais, comme la jeune plante à son origine, il allait se développer obscurément, à l’insu de tous. Les deux collègues se croyaient encore en parfaite conformité de vues, que déjà leur scission était devenue inévitable dans l’avenir, et pour ainsi dire commençait virtuellement. L’un d’eux se faisant novateur, il fallait que l’autre se fît