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CHAPITRE XII.

c’était, dès sa jeunesse, la règle même de sa vie ; ce devait l’être, tant que ses forces ne seraient pas éteintes par la vieillesse et la maladie.

Et même, pour lui, cesser de voir, ce ne fut pas encore cesser de travailler. Il pensait, il dictait, parfois il écrivait lui-même des lignes qu’il ne devait jamais lire ! Combien d’entre elles, tracées d’une main trop incertaine, sont restées pour nous de muets témoignages de cet amour de la science qui survivait en lui au pouvoir de la servir ! Toutes dignes, sans doute, de celles dont nous avons pu pénétrer le sens ; de celles-ci, par exemple, où respire un sentiment si élevé de la grandeur de la science :

« Que ne doit-on pas faire et entreprendre pour conquérir un principe à la pensée publique ! C’est prendre à Dieu et sur Dieu ! »

Et de celles-ci encore, pleines d’une si profonde émotion :

« Ô mes chers disciples ! là zoologie générale est aperçue par mes yeux qui ne voient plus. Ô chers disciples ! Que de bonheur vous apportez à votre vieux prédécesseur ! »

C’est à la fin de 1840 que Geoffroy Saint-Hilaire applaudissait ainsi aux efforts de sa jeune école ; comparable à ces nobles vieillards que les historiens de l’antiquité nous représentent, dans le danger de la patrie, venant encourager de la voix