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DERNIÈRES ANNÉES.

le sentit lui-même. « Nous allons nous quitter, dit-il à sa fille ; nous nous retrouverons ! »

Mais que ne peuvent l’amitié, le dévouement ! La médecine fit un miracle, et Geoffroy Saint-Hilaire fut conservé à l’amour de sa famille.

Époque pleine pour elle, tout à la fois, de douleur et d’anxiété ! Elle entendait chaque jour Geoffroy Saint-Hilaire redire : Je suis heureux[1] ! Mais, chaque jour aussi, elle le voyait s’affaiblir et faire un pas vers la tombe !

Six mois s’écoulèrent ainsi, sans crise nouvelle, sans de plus grandes alarmes, et peut-être au printemps, avec quelque amélioration : on espère

  1. Sa constante sérénité a frappé, a ému tous ceux qui l’ont approché dans les derniers temps de sa vie.

    « Sur son lit de douleur, a dit M. Dumas (Discours déjà cité), toutes ses paroles respiraient la bienveillance et la satisfaction intérieure. Ses mains cherchaient toujours ses proches, ses amis, pour remercier, pour bénir. Calme et souriante, son âme s’affaissait sans trouble, se repliait sur une conscience sans tache. »

    Comment ne pas citer aussi ces paroles, si éloquentes aussi, de M. Quinet (Discours prononcé le même jour) : « On sentait dans cette paix incroyable un homme qui avait bonne conscience des lois et du plan caché du Créateur. Il avait été initié aux travaux secrets de la Providence, et de ce spectacle il avait rapporté la sérénité du juste. Quoi de plus sublime que cette mort du génie qui, ainsi dirigé et conduit, est la sainteté même de l’intelligence ? Il s’approche en souriant de la vérité sans voile ; à la fin il descend, sans rien craindre, dans l’éternelle science. »