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CHAPITRE XII.

II.

Il y eut un instant, un seul, où la famille de Geoffroy Saint-Hilaire put se faire illusion sur la gravité de son état. Dans l’automne de 1843, ses forces parurent se relever ; il reprit cette gaîté dans l’esprit qui naguère encore lui était habituelle ; et le 29 octobre, il exprima le vif désir de voir M. Serres pour s’entretenir avec lui des objets communs de leurs études. « J’ai trouvé, lui dit-il, l’explication d’un phénomène, que je n’avais pu pénétrer lorsque je voyais : je veux vous la dire, je ne veux pas l’emporter avec moi. » Il ignorait que ce résultat[1], auquel venaient de le conduire ses méditations solitaires, M. Serres y était parvenu de son côté, et déjà même l’avait publié.

Ce furent les dernières paroles de Geoffroy Saint-Hilaire sur cette science tant aimée ! Qui était plus digne de les recueillir que cet ami de plus de vingt ans, qui avait tant fait déjà pour le triomphe de leurs idées communes, et qui allait rester le chef de l’école française de l’anatomie philosophique ?

Le lendemain, la prostration des forces était extrême ; des symptômes alarmants se déclaraient, et l’on dut croire, durant plusieurs jours, que la crise suprême était proche. Geoffroy Saint-Hilaire

  1. Il était relatif à une question de tératologie et d’embryogénie.