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CRÉATION DE LA MÉNAGERIE.

ment, les officiers du Jardin des plantes n’oublièrent pas de donner place à une ménagerie[1].

En 1792 cette idée fut reprise, et cette fois, on ne se borna pas à un simple projet : on fit une tentative. Après le 10 août, la Ménagerie du roi à Versailles avait été pillée : un beau dromadaire, plusieurs petits quadrupèdes, un grand nombre d’oiseaux avaient été, les uns mangés, les autres livrés à l’écorcheur. Cinq animaux seulement, parmi lesquels on remarquait un rhinocéros de l’Inde et un lion, avaient échappé au massacre. Mais ils avaient, comme les autres, le malheur d’avoir appartenu au roi, et de rappeler, disait-on, des souvenirs de tyrannie. Ils étaient d’ailleurs inutiles, coûteux à nourrir, dangereux pour la ville. Leur mort fut décidée, et le ministre des finances fit offrir leurs squelettes au Jardin des plantes.

L’intendant général était alors Bernardin de Saint-Pierre, nommé par l’un des derniers actes du règne de Louis XVI. Il semblait qu’il n’y eût qu’à accepter une offre faite, en de telles circonstances, au nom du Conseil exécutif. Saint-Pierre refusa, et, dans un Mémoire plein de force, de raison, d’esprit et d’éloquence[2], il dénonça à la Convention,

  1. Projet de règlements pour le Jardin des plantes, titre VII, articles 12 et 13.
  2. Il a paru sous ce titre : Mém. sur la nécessité de joindre une ménagerie au Jardin des plantes, in-12. Paris, 1792.