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CHAPITRE II.

comme un crime de lèse-science, l’arrêt porté contre les animaux de Versailles. Il demanda qu’ils fussent transportés au Jardin des plantes, pour y devenir le noyau d’une ménagerie, nécessaire, dit-il, à la dignité de la nation, à l’étude de la nature, à celle des arts libéraux. Le Mémoire qui portait cette spirituelle épigraphe : miseris succurrere disco, fut lu avec l’intérêt qui devait s’attacher à des pages signées d’un tel nom. La cause des animaux fut gagnée ; leur vie fut sauve ; mais ce fut tout. La translation ne fut ni décrétée, ni même discutée par l’assemblée, alors occupée d’intérêts bien autrement graves : c’était le moment où l’on allait délibérer sur la mise en jugement de Louis XVI.

Il était impossible qu’un projet dont l’utilité, dont la grandeur avaient été si éloquemment démontrées, ne fût pas reproduit lors de la première organisation du Muséum en juin 1793. Le règlement qui fut alors rédigé par les professeurs et voté par le Comité d’instruction publique de la Convention, est complété par un chapitre intitulé : Des moyens d’accélérer les progrès de l’histoire naturelle. L’une des promesses de ce chapitre est la création d’une Ménagerie, destinée à la fois à l’étude scientifique de l’organisation et des mœurs des diverses classes d’animaux, et à l’acclimatation des espèces utiles.

D’après les termes mêmes de l’article[1] que nous

  1. Il commence ainsi : Lorsque le Muséum aura les moyens…