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CHAPITRE II.

élan de la jeunesse[1] vers tout ce qui est noble et beau, même désir de servir la science et leur pays. Et s’il existait dès lors, dans les tendances différentes de leurs esprits, les germes des dissentiments qui devaient plus tard éclater sur des questions fondamentales, comment eussent-ils pu le soupçonner à une époque où tous deux, encore à leur début, pouvaient à peine entrevoir les régions supérieures de la science où s’agitent ces grandes questions ?

Aussi Cuvier était à peine depuis deux mois à Paris, que déjà Geoffroy Saint-Hilaire et lui vivaient en frères. Ils ne se quittaient guère qu’aux heures où les devoirs de l’un envers son élève, de l’autre envers le Muséum, leur en faisaient une nécessité. Les amis de Geoffroy Saint-Hilaire devenaient ceux de Cuvier ; les moyens d’étude que l’un tenait de sa position, leur étaient communs ; et ils s’associaient pour la composition d’un ouvrage étendu, dont la collection mammalogique du Muséum devait fournir les matériaux. Il ne leur restait plus qu’à partager la même demeure : ils ne tardèrent pas à le faire. Cuvier, nommé, au commencement de juillet, suppléant du professeur d’anatomie comparée, ne pouvait hésiter plus longtemps : il se décida à rester à Paris, rendit à la famille d’Héricy l’élève qu’elle lui avait confié, et, quelque temps

  1. Cuvier avait alors vingt-cinq ans et demi, et Geoffroy Saint-Hilaire vingt-trois.