Page:Vie, travaux et doctrine scientifique d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
66
CHAPITRE II.

Saint-Hilaire, qui connussent le nom de Cuvier ; à la fin de la même année, il n’était pas en Europe un naturaliste qui ne l’honorât ; quelques années plus tard, pas un qui ne l’admirât. La prédiction de Tessier était dépassée, celle de Geoffroy Saint-Hilaire réalisée.

Nous n’avons pas à suivre plus loin la brillante carrière de Cuvier. Nous le retrouverons plus tard l’adversaire scientifique de celui dont nous venons de le voir l’ami et presque le frère ; mais, disons-le dès à présent, il est de ces amitiés qui laissent dans les nobles cœurs des traces ineffaçables : dans la vivacité des discussions qui s’élevèrent à diverses reprises entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire, il put arriver que la mémoire de leurs jeunes années s’obscurcît en eux momentanément ; mais il suffit toujours que l’un d’eux fût malheureux pour qu’aussitôt l’autre redevînt l’ami de 1795.

Et toujours aussi, Geoffroy Saint-Hilaire plaça au nombre des souvenirs à la fois les plus doux et les plus glorieux de sa vie ceux que nous venons de retracer. « Je crois, dit-il dans l’un des derniers écrits qui sont sortis de sa plume[1], que l’on devra dire un jour de moi que j’ai rendu à la société deux services éminents. » L’un de ces services, il

  1. La phrase suivante fut écrite plus tard encore. « Je n’ai jamais cessé d’être, pour mon ancien compagnon d’étude, un ami cordialement dévoué. »