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EXPÉDITION D’ÉGYPTE.

bord d’une autre frégate pour visiter trois de ses collègues, lorsque la frêle embarcation qui le portait, fut renversée par une fausse manœuvre. Les marins qui le conduisaient, reparurent seuls : il ne savait pas nager, et tous le crurent perdu. Mais lui-même ne désespéra pas de son salut : luttant avec énergie contre les flots, il remonta à leur surface, et un hasard heureux lui ayant fait rencontrer l’extrémité d’une échelle de corde, il parvint, quoique légèrement blessé, à atteindre l’une des ouvertures de la frégate.

Peu de jours après, l’expédition arrivait devant Malte, et la ville imprenable tombait au pouvoir des Français. Geoffroy Saint-Hilaire explora successivement Goze avec son frère, chargé de faire le relevé des côtes de cette île ; puis Malte, où il resta plusieurs jours. À Goze il vit avec étonnement les belles cultures créées par la patience et l’industrie de plusieurs générations humaines sur des rochers autrefois nus, maintenant couverts d’une terre fertile, dont les navires maltais ont dû aller chercher une partie jusque sur la côte sicilienne. À Malte, son admiration dut se partager entre ces mêmes champs artificiels, qu’il retrouvait mieux cultivés encore, et la Cité Valette, couronnant de ses beaux édifices et de ses gigantesques fortifications les sommités de l’île, et sous laquelle une multitude de citernes et de canaux, en partie creusés dans le roc, forment comme une seconde ville souterraine.