Page:Vielé-Griffin - L’Amour sacré, 1903.djvu/142

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Ailleurs, la voix qui chante est pleine de lassitude
— Le rire oblique y meurt comme un quinquet sans huile
Le conte graveleux bave aux coupes séniles ;
Le poète se grime, la muse se dénude.
Cependant, dans le bruit des hoquets et des rires,
Notre voix sûre n’a pas fléchi :
Qu’il faille d’autres chants dans l’aube qui blanchit,
Nous aurons dit au vent les mots qu’il fallait dire.


Quel silence est tombé autour de nous !
L’orchestre lascif et fou,
En un râle, s’est tu…
Dehors,
Le jour s’éveille avec effort ;
La vieille Vie, à court de mots,
Marmonne courbée et dort
Sous le deuil dérisoire dont ils l’ont revêtue…
Je ne sais plus de chansons qui l’éveillent ;
Son masque de fard est pâle sous le crêpe
— La luxure blafarde a saccagé la treille,
Le luxe obèse a brûlé jusqu’aux ceps.