Page:Vielé-Griffin - Le Domaine royal, 1923.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La vision grandit de l’instant solennel Où le soleil, aussi, s’effondre dans le ciel, Et nous voyions passer la prophétique image, Irrépressiblement, plus claire qu’un langage Que sept ans de mensonge et de honte émasculent

Le genre humain rué vers le grand crépuscule... II La nuit venait : le vent, en soudaine bouffée, Hurla dans les sapins groupés, comme un trophée, Sur la falaise nue écroulée en décembre ; Les nuages, panique ! amoncelés vers l’ombre, Fuyaient ; dans l’intervalle espaçant leurs cohortes, On voyait, au-dessus des perspectives mortes, Luire, comme l’espoir, à peine, un croissant d’or Dont la courbe est si fine et si légère encore, Qu’un autre douterait, peut-être, que ton astre, En bouclier mué, pût parer au désastre, De l’arc frêle qu’il est en ton poing, à présent, Et que la pleine lune éclose du croissant ; Mais moi, qui sais ta force, ô ! la chaste déesse,