Page:Vielé-Griffin - Le Domaine royal, 1923.djvu/73

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De la mouche happée à la limite où l’air Étale, au ras des eaux, un voile ardent et clair Fait des feux mêmes que rejette le miroir. Souvenir tout-puissant ! qui ramènes, ainsi, Vers le bonheur d’antan et vers l’ancien souci, C’est de toi qu’est tissé notre être, où s’accumule Le passé : tel la mer en son reflux recule Le royaume sableux de quelque jeu d’enfant ; C’est tout chargé de toi que s’en va, triomphant, Celui qui s’est créé par toi sa destinée ; Tu es le livre même où, d’heure en heure, est née Ligne à ligne, tracée au gré de ton caprice, Notre oeuvre dont, à peine, on s’avouerait complice : Pour ce qu’on l’écrivit sous ta dictée et telle Que la conçut, en nous, une force immortelle. Et nous retournerons vers l’ombre où s’entendait L’écho de notre voix et qui nous répondait, Au point que nous croyions écouter quelque oracle ; Car, malgré que se soit terni le vieux miracle, Il se dore, à jamais, de cette illusion