Page:Vielé-Griffin - Le Domaine royal, 1923.djvu/76

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Une atmosphère d’or allégeait la vallée, Et, de là-bas, la Loire, en ruban déroulée, Passe et reflète, au pur miroir qu’elle propose, Tout le ciel, où sourit un seul nuage rose. Ainsi, las de marcher dans le matin complice, Jeune, aussi, et comparse enivré du délice D’aller, sans souci que d’une main dans la main, Qu’il fut un hier, ou qu’il doive être un lendemain, Nous nous attardions au bord de cette Loire ; Sur le banc sans appui, qu’une mousse d’or moire, Un vieux couple, sans bruit, s’est assis, côte à côte, Et, bientôt, nous causions, d’un demi-siècle à l’autre. Devant nous, le quai bas rejoignait le flot bleu ; Derrière nous, le mail, aux grands tilleuls poudreux A cause de la route et sa poudre envolée Lorsque le gai vent d’Est court au long des levées. « Il y a cinquante ans — qui se souvient de nous ? Devant le reposoir, là-bas, à deux genoux, Nous lancions à l’Hostie un nuage de roses, »