Page:Vielé-Griffin - Le Domaine royal, 1923.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

D’avoir sa station, là-bas, dans la varenne ! Nous, on avait le port et les choses qui viennent De Nantes, d’au delà l’océan, parfumées De cette odeur de poivre et de cannelle, aimée Des femmes, qui disaient: cela vient d’Amérique...» J’écoutais murmurer cette ancienne musique Que le vieux tourangeau fait chanter à ses lèvres ; Et son dire narquois portait mon jeune rêve Vers ce printemps pareil aux belles trépassées ; Nous voyions, elle et moi, selon notre pensée : Les vingt barques tendant leur voile au vent de Nantes, Identiques, voguant comme aux jeux d’une estampe ; Elle, sur la levée, animée à ses yeux, Regarde, s’éployant, contre le grand ciel bleu, La bannière, dont l’or frange la blanche moire, Confondre sa voilure aux voiles de la Loire.