Page:Vielé-Griffin - Le Domaine royal, 1923.djvu/93

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Quels univers nouveaux dont, déjà, tout s’efface Au vent précipité du temps dont je suis Maître ? Quel paradis nouveau, Mère Eve, encore à naître ? Et, s’il faut des humains au lointain avenir, Il se peut que ceux-ci renaissent pour mourir, Et s’envoler vers ton souci, comme un beau rêve. » Ainsi Ta lèvre, ô Christ, effleura le front d’Eve. — Dit l’abbesse aux yeux clos, en soi-même ravie — Du baiser d’un pardon étendu sur ses fils En l’envergure de la Colombe de l’arche. Au loin, retentissait le choeur des Patriarches ; Entre Ses pâles mains, Il prit celles des femmes. Quelle joie, ô Sauveur, déborda de leur âme Quand, vers le beau jardin fusant de rires frais, Confondant ses fleurs d’or avec les chairs nacrées, Ton regard de pitié s’abaissa, pour bénir Ceux de qui Tu disais ! « Qu’on les laisse venir. »