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III

 
Les flots roulent la nef par leurs vals de délices,
Mais la Dame d’Azur pâlit et s’évapore.
Les lilas d’autrefois se sont mués en lys,
Rêves-tu de sommeil ingénu dans le port ?

Les lilas d’autrefois se sont mués en lys.
Sauras-tu le mystère incertain des calices,
Petite nef ? Oublieuse du calme port,
Cingles-tu vers la lune ou bien sur Singapore ?

Sauras-tu le mystère incertain des calices ?
Il est un air d’oubli que chanterait le port.
Les flots roulent la nef par leurs vals de délices,
Mais la Dame d’Azur pâlit et s’évapore.



VITRAIL

 
Il défaille emmi l’air des parfums tant amènes,
Qu’on croirait respirer l’âme d’un cyclamen.
Dans l’église l’encens se pâme pour l’hymen
Du soëve Jésus et des catéchumènes.

Abandonnant soudain l’éploré cyclamen,
Les libellules vont — ô combien inhumaines !
Effleurer la neige au front des catéchumènes,
De leurs ailes de mauve et d’ambre d’Yémen.

Ô ces yeux verts rêvant, ces aigues inhumaines,
Pour qui l’orgue amoureux fit pleurer un Amen !
Ô Sainte ! En ton vitrail clair d’ambre d’Yémen,
Mon âme ignorera le ciel où tu la mènes.