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LA GALÈRE

I

 
Les voix de la mer sont tentantes,
La galère dort dans le port,
Et son rêve ignore l’effort
Des lentes caresses flottantes.

La Dame d’azur dans l’attente
Sourit, augurant d’un bon sort.
Les voix de la mer sont tentantes,
La galère dort dans le port.

Les nuages me font des tentes
D’or. Point de trêve à mes accords,
Doucement je berce la mort,
Et mes couleurs sont inconstantes,
Les voix de la mer sont tentantes.


II


Insinuante, sous la nef qui consent,
La mer bombe son dos frémissant
Et sonne au large les cloches du départ.
Là-bas, tout là-bas, sur son rempart,
La Dame d’Azur, des lilas dans les mains,
Salue. Et la nef s’orne de maints
Pavois, dont la jeune orgueilleuse candeur
Rit aux baisers futurs, à l’odeur
Des vents qu’ont vantés les dorades en or.

Petite nef, pour mieux plaire encor
À la Dame des bleus palais d’horizon
Emplis tes flancs d’une cargaison
De beaux cadeaux naïfs comme ton printemps.
Et vogue ravie aux flots contents.