Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/169

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une crise, vient d’annoncer un peu de mieux. Au château de Cladel, le temps d’arrêt dans les poursuites et l’espoir de les mettre en défaut, avaient rasséréné tout à coup les fronts chargés de nuages.

La conversation en devint facile, vive, presque enjouée. Les esprits jetaient avec bonheur toute leur verve dans des discussions indifférentes. Pour la première fois de l’année aussi, la marquise respirait avec un bien-être complet les bonnes brises du printemps. Les fenêtres ouvertes faisaient, dans la salle à manger, de larges trouées de soleil, où l’on voyait bourdonner les insectes ; l’odeur des seringas et des juliennes en fleurs entrait par effluves. Les mille bruits de l’été, dans les champs, arrivaient assourdis comme en un murmure vague et doux.

Peu à peu, sous cette influence, la conversation se ralentit. Après le premier feu, je ne sais quel charme de repos fit goûter le silence même aux fiévreux de la veille. C’est le terme suprême de l’apaisement, quand on en peut jouir sans le, secours du bruit extérieur.

Le déjeuner, qui, le dimanche surtout, se prolongeait tard, tirait à sa fin, et la marquise, tout en prenant sa part de la conversation moins active, surveillait elle-même la distillation du café dans un appareil