Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/17

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Enfin, il prit un parti, s’approcha de la marquise en rougissant, et l’entraîna dans l’embrasure d’une fenêtre.

— Madame, dit-il d’une voix émue, je n’ose, en vérité, venir encore en appeler à votre charité. Vous faites du bien plus que ne le permet votre fortune ; tout ce pays si pauvre est secouru par vos bienfaits ; j’ai honte, quand vous savez tous les jours découvrir et soulager les misères, de vous en révéler de nouvelles… Cependant, il y a des cas si pressants… si terribles…

— Monsieur le curé, ma bourse est absolument vide, répondit la marquise avec un accent ferme et presque froid, — de la froideur des cœurs sensibles qui craignent de se laisser émouvoir. — J’ai donné, en effet, plus que je ne devais, car le marquis m’a refusé de l’argent. Il ne me reste plus que des fagots… — j’ai obtenu pour mes pauvres la coupe du taillis des landes, et si vous voulez pour vos protégés quelques bourrées…

— Les fagots ne feraient point l’affaire, balbutia le pauvre prêtre tout décontenancé ; — car jamais, depuis dix ans qu’il desservait la petite commune de la Brousse et qu’il sollicitait, de temps à autre, de madame de Fayan des charités supplémentaires,