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Page:Villedieu - Mémoires de la vie de Henriette Sylvie de Molière, 1672.pdf/103

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Sylvie de Moliere.

auſſi mauvais eſtat que moy ; & ayant prié le Marquis de me faire mettre au lit, je m’y tins tout le reſte du jour avec les plus grandes inquietudes qui pûſſent affliger un eſprit comme le mien.

J’avois de la vertu, & j’en eus toûjours, quoy qu’ait oſé publier au contraire la médiſance d’un ſiecle corrompu, & la rage de mes ennemis. Ainſi cette rencontre impreveuë d’un homme que j’avois aimé & que je ne pouvois encore haïr, partageoit cruellement mes reſolutions, & me déchiroit l’ame. Je ne voulois pas qu’il fuſt venu à Bruxelles & neantmoins j’eſtois bien aiſe de l’avoir retrouvé ; tantoſt je me faſchois contre luy de ce qu’il m’expoſoit à des perils manifeſtes ; tantoſt de ce qu’il avoit eu la baſſeſſe de ſe ſoûmettre à prendre un tel employ ; il me ſembloit qu’il y avoit mille autres moyens de me voir : & de me parler : Puis je voulois en cette meſme action, trouver les preuves indubitables de la force de ſon