Page:Villemain - Cours de littérature française, tome 1.djvu/12

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toute la partie germanique, non que je ne l’admire, non que je n’aperçoive de loin, avec une vue confuse et faible, tout ce qu’il y aurait de grand et d’instructif dans les vieux monuments de ce génie du Nord, qui florissait dans l’Islande républicaine, au milieu du monde barbare, qui, sous le nom de gothique, traversa tout le midi de l’Europe, et qui, sur sa terre natale, montra tant de vigueur indigène. Mais enfin je sais tout cela trop peu et trop mal ; je ne puis en parler.

Je me renferme, je m’emprisonne dans l’autre moitié de l’Europe, le Midi et les contrées centrales qui ont reçu et gardé le plus longtemps l’influence du génie méridional. Ainsi les deux Frances, au delà et en deçà de la Loire, la France du Midi et celle du Nord ; l’Angleterre, placée si près de nous, et sur laquelle a passé la conquête française, représentée par les Normands ; l’Espagne, dont les provinces limitrophes ont longtemps parlé la même langue que notre Midi ; enfin l’Italie, voilà tout ce qui nous occupera. Tous ces sujets se tiennent et n’en forment qu’un seul ; toutes ces langues, excepté l’anglais qui, secouant la conquête et les lois françaises, reverdit de bonne heure sur sa vieille souche teutonique, toutes ces langues sont sœurs ; elles sont nées toutes de la même cor-