Page:Villemain - Cours de littérature française, tome 1.djvu/13

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ruption ; elles ont toutes germé dans les ruines de la langue latine.

Ainsi, marquons d’abord ce grand résultat, né de la civilisation antique, et qui lui survécut. Le génie romain, dans tous les lieux qu’il avait conquis, et longtemps possédés, porte ses lois, ses mœurs, sa langue ; puis vient la religion plus puissante que l’empire romain, qui ajoute la sainte uniformité de son rituel à cette première uniformité de la conquête et de la politique. Saint Augustin l’a remarqué en termes éloquents :

Opera data est ut imperiosa civitas non solum jugum, verum etiam linguam suam domitis gentibus, per pacem societatis, imponeret, per quam non deesset, imo et abundaret interpretum copia.

Augustin voit quelque chose de merveilleux, de prédestiné, dans cette puissante diffusion de la langue romaine. À ses yeux, c’est le moyen providentiel qui préparait la prédication générale et rapide de la foi chrétienne.

Quelles que soient les causes de cette grande révolution si majestueusement annoncée dans le point de vue de l’esprit religieux, une chose vous frappe : c’est que toutes les Gaules, jusqu’au Rhin, toutes les Espagnes, et nécessairement l’Italie entière, parlaient la langue latine au