Page:Villemain - Cours de littérature française, tome 1.djvu/37

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l’Italie, vous voyez croître l’indépendance locale. Les Allemands sont des étrangers, des ennemis qui montent la garde en Italie, et ne s’y naturalisent pas. L’esprit fier et brillant des Italiens s’indigne d’obéir à ces lourds dominateurs ; on repousse leur jargon du Nord ; et, des ruines du latin se forme cet élégant idiome que bientôt le génie du Dante va couler en bronze pour l’avenir. Cependant l’esprit de fédération bourgeoise, plus précoce et plus actif en Italie qu’il ne le fut en France, tantôt s’appuyant d’une bulle, tantôt d’un diplôme impérial, grandit avec une énergie singulière. Ce ne sont pas des guerres seigneuriales, comme en France, mais des guerres de ville à ville. Ce ne sont pas des luttes de vassaux qui se battent pour un maître, qui souffrent ou frappent, sans que leur intelligence s’élève, et que leurs droits s’augmentent. Ici chacun est partie dans la victoire. Les esprits s’éclairent et se forment ; la guerre est une école de liberté municipale ; et l’intelligence générale de la nation se fortifie au milieu des agitations et des combats de toutes les cités qui disputent leur indépendance.

Comme on n’avait pas naturellement un seigneur féodal, on était exposé souvent à supporter un tyran. Ainsi, quelque chose de ces pas-