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paré ce grand avénement du génie, au milieu de l’Italie. Cette contrée, qui était restée toujours plus civilisée que les autres parties de l’Europe, n’avait pas subi aussi puissamment l’influence de la féodalité. Les esprits y demeurèrent plus éclairés et plus libres. Des la fin du xte siècle, le contre-coup et l’exemple des hardiesses de Grégoire VII émancipent, enhardissent toute la nation. Non-seulement le prêtre, mais l’Italien semble s’être associé d’orgueil à ces foudres puissants qui avaient excommunié les rois d’Allemagne. Un amour-propre national inspire à tout ce peuple un orgueilleux dédain pour ces barbares d’au delà les monts, pour ces Germains, pour ces Teutons qui venaient en foule mourir en Italie, et qui, lorsqu’ils n’y mouraient pas de la peste, s’en retournaient excommuniés par le saint-père.

Ainsi, comme souvent les choses humaines se développent dans un ordre de conséquences qui ne ressemblent pas aux principes, c’est le grand asservisseur des rois et des consciences, le grand despote religieux, Grégoire VII, cet homme dont les anathèmes faisaient trembler tout le monde, qui favorise la hardiesse et le premier élan de l’esprit populaire.

Quelque temps après sa mort, dans toute