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du Dante et de l’élégance de Pétrarque ; mais déjà beaucoup de traits de cet esprit vif et moqueur qui appartient à notre nation, et était né, je pense, avec le premier Gaulois.

La suite du singulier roman de la Rose, commencé dès le xiiie siècle ; Froissart, chroniqueur si naïf et cependant plein de finesse, Froissart, poëte ingénieux de l’école des troubadours par l’imagination et de l’école des trouvères par la malice ; Charles d’Orléans tombé dans le goût de la poésie par sa captivité d’Azincourt ; vingt-cinq ans de prison ! que voulez-vous qu’on devienne ? poëte, si l’on peut ; Charles d’Orléans, qui fit des vers avec tant de grâce dans notre langue et dans celle de ses vainqueurs, voilà ce que le goût peut choisir dans le xive siècle, et ce qui succédera pour nous à cette grande, à cette interminable contemplation du Dante. Puis arrive l’érudition chez nous, comme en Italie. C’est une foule d’écrivains, une incroyable profusion de livres, notre siècle devancé, les manuscrits qui s’entassent, et sont à la porte, attendant la découverte de l’imprimerie. Tout cela nous fournira de curieux détails pour l’histoire des lettres.

Les romans de chevalerie, qui avaient précédé les grandes inventions du Dante, se multiplie-