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cède, et rien ne l’égale. Maintenant, par cette puissante commotion qu’un homme supérieur donne à ses contemporains, des génies secondaires naîtront à sa suite. Ainsi se présente le xive siècle de l’Italie, avec son éclat, sa belle langue, son harmonie, que le Dante lui-même avait imitée des troubadours provençaux, mais en les effaçant trop pour qu’on les nomme après lui.

Nous étudierons avec soin toute cette littérature italienne, où la France puisa beaucoup, et qui lui devait tant à elle-même. Les vers si gracieux et le zèle érudit de Pétrarque, les narrations de Boccace et d’autres conteurs, seront un sujet d’étude sur le goût et l’esprit du moyen âge. Ainsi se termine le xive siècle en Italie. L’âge qui suit n’est qu’un temps d’érudition. Il semble que l’esprit humain avait fait d’abord un grand pas par sa propre force ; puis il s’arrête ; il recherche, au lieu d’inventer : c’est comme un repos entre les œuvres immortelles du xive siècle et les créations non moins grandes du xvie siècle ; c’est une jachère dans la pensée humaine.

Même spectacle en France, sans le même dédommagement. Rien, dans notre xive siècle, qui ait approché, même de loin, des créations