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mencements du théâtre hasardeux et libre, c’est en France que nous les trouverons. Dans l’ordre des temps la France est entrée la première dans cette voie d’où elle sortit tout à fait : elle l’a connue et quittée. On faisait aussi des pièces en Italie ; mais il ne paraît pas qu’elles eussent grand génie. J’ignore si c’était une pièce de théâtre que cette représentation de l’enfer, qui fut essayée a Florence, en 1304, pour fêter l’arrivée d’un légat du pape. Les habitants étaient entassés sur les bords de l’Arno et sur un pont, où se jouait la pièce, composée de damnés et de démons. Je ne sais pas bien quel était le dialogue : les démons tourmentaient les damnés, et les damnés se plaignaient. Mais il y eut une épouvantable catastrophe ; le pont s’écroula. Ne faites pas de ceci par vos rires, Messieurs, un drame de Shakspeare. Démons et damnés tombèrent dans la rivière. L’idée de cette pièce était quelque chose de très-singulier : mais on ne peut regarder cela comme un précédent théâtral.

D’une autre part, le génie espagnol, qui produisit des choses si grandes dans l’art dramatique, ne s’était pas débrouillé avant le xvie siècle. C’est donc en France que se trouvent les plus nombreuses tentatives du théâtre, au