Page:Villemain - Cours de littérature française, tome 1.djvu/53

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En quelques années, vous voyez se réunir les deux couronnes d’Aragon et de Castille, Grenade assiégée, une autre ville bâtie sous ses remparts, et pressant la chute du dernier des rois maures. Les Espagnols vainqueurs, n’étant pas encore gâtés par le fanatisme barbare de l’Inquisition, garderont d’abord les vaincus pour sujets, pour commerçants, pour laboureurs. Alors l’Espagne sera puissante, industrieuse, fière d’elle-même et de sa gloire, elle aura le temps d’entreprendre de grandes choses et d’avoir du génie. Et quelle grande chose elle entreprendra ! une chose si grande que tout l’avenir du monde y est compris. Je ne sais par quelle cause, soit par une tradition de la Chine, venue jusqu’à la foire de Leipsick, soit par l’invention fortuite d’un Allemand, l’imprimerie vient de se découvrir. L’Espagne, avec son Génois, entreprend quelque chose de plus grand ; il part, et l’Amérique est trouvée Le xve siècle se ferme presque sur cet événement le plus mémorable qui ait paru dans l’histoire du monde, depuis celui qui a changé la foi des nations. Et l’homme qui a fait cet immortel ouvrage, c’est lui qui, le premier, montre à l’Espagne la hauteur du génie littéraire, si ce mot convient à un homme aussi puissant en œuvres que Christophe