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de quelques accidents particuliers de langage, à l’identité que l’on a voulu supposer entre la langue moderne et je ne sais quel patois antique, contemporain de l’élégance romaine.

Cicéron, curieux observateur des minuties du langage, Cicéron, qui avoue s’être instruit dans la conversation des mariniers sur le véritable sens d’un mot latin qu’il avait mal employé, ne nous dit nulle part que le langage du peuple fût tout à fait distinct de celui des orateurs, qu’il fut enfin une autre langue. Lorsqu’il allait causer avec les paysans voisins de ses terres, il remarqua seulement qu’ils étaient tous du parti de César. Je maintiens que, s’il y avait eu dans leur idiome quelque chose de caractéristique, il n’eût pu s’empêcher d’en être frappé, même en ce moment, et de le dire dans les lettres où il raconte ces entretiens. En allant les consulter sur la politique, il eût aussi remarqué leur dissidence sur la grammaire. Il n’en dit mot ; et tout porte à croire que les différences étaient légères, et que de plus elles étaient locales, et ne formaient pas un idiome populaire uniforme, voisin et séparé de la langue latine. Voilà ma conclusion.

Mais comment se fait-il que plusieurs de ces mots, qui n’étaient pas restés dans la langue