Page:Villemain - Cours de littérature française, tome 1.djvu/77

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Mais il ajoute :

Quelle fut cette langue vulgaire italienne, dans les viiie, ixe et xe siècles ? J’avoue que je ne puis en dira mot. Certainement, lorsque, par des motifs d’érudition, je fis beaucoup de voyages, et visitai beaucoup d’archives d’Italie, un de mes plus ardents désirs était de trouver quelque échantillon de la langue italienne parmi les vieilles chartes. Nous pouvons croire que, depuis le temps de Charlemagne, il ne manquait pas d’évéques et de curés, prêchant au peuple la parole de Dieu. S’ils le faisaient en latin, on se demande comment le peuple les entendait. En outre, si les marchands et d’autres gens ignorant la langue latine avaient à écrire des lettres et à tenir leurs comptes, peut-on penser qu’ils ne fissent pas usage de cette langue vulgaire, puisqu’ils ne savaient pas la langue latine ? J’avais donc l’espérance de découvrir quelque fragment de cette ancienne langue des Italiens ; mais en vain j’y ai mis tous mes soins ; en vain d’autres ont fait probablement la même recherche. J’ai pu seulement publier quelques recettes pour teindre les mosaïques, et d’autres secrets de l’art, écrits dans le viiie siècle, où, parmi un fort grossier latin, se trouvent quelques mélanges de langue vulgaire, mais non pas encore la tangue vulgaire effective.

(Muratori, Dissertat. 32.)

Muratori a du moins recueilli beaucoup de parcelles, et, pour ainsi dire, d’indices de cette langue vulgaire dont il n’a pu découvrir aucun monument. Ce sont des noms de lieux ayant déjà la désinence italienne, des articles, des substantifs modernes, mêlés dans de vieux titres en