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de barbarismes et de solécismes, où commençaient à se montrer, comme un soutien pour l’intelligence, quelques procédés et quelques mots des langues modernes. Ainsi, faute de savoir bien marquer les variétés des cas par celles des désinences, on introduisait des particules, des affixes, qui sont comme les béquilles du langage : Donabo ad conjux. Donatio de omnia bona. Mercatum de omnes negotiantes. In prœsentia de judices.

Ce qui se passait en Italie, chef-lieu de la religion et de la latinité, arrivait également en France, et même plus vite. Si, dès le viie siècle, en Italie, le commandement militaire était à demi barbare : Non vos turbatis. Ordinem servate : bandum sequite : nemo dimittat bandum, et inimicos seque ; on peut croire qu’il dégénéra plus promptement encore dans les Gaules. Saint Jérôme avait observé que la langue latine changeait incessamment par les temps et par les lieux. Cette mutation continuelle devait être d’autant plus active, qu’il arrivait un plus grand nombre de Francs, de Bourguignons et de Goths qui s’emparaient de tout.

Cependant le pape Anastase écrivait à Clovis en latin fort régulier, pour le féliciter de son invasion. La chancellerie de Clovis parlait éga-