Page:Villemain - Cours de littérature française, tome 1.djvu/80

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lement assez bon latin. Il avait auprès de lui des Gaulois lettrés et romains, comme Mahomet II eut des secrétaires grecs. Il répondait en latin aux évêques qui lui demandaient, non l’affranchissement, mais la restitution de leurs serfs enlevés à la guerre. Il convoquait en latin le concile d’Orléans.

Langue allemande, langue du vainqueur, mais non employée par lui dans le gouvernement, ni imposée aux vaincus gaulois et romains ; langue latine, langue de l’Église, langue des affaires : voilà ce que vous apercevez en Gaule au vie et au viie siècle. Cependant une altération progressive ne tarda pas à s’introduire. Les restes des anciens idiomes celtiques, que la conquête romaine avait à demi effacés, reparaissaient ; quelques mots, apportés par les Francs, s’introduisaient avec des désinences latines. L’ignorance grammaticale, fort grande dans les magistrats et les officiers publics, l’était plus encore dans le peuple. Ces désinences, que l’on ne savait plus varier, devinrent un embarras que l’on supprima. On ne peut douter qu’au viie et au viiie siècle de cette révolution, peut-être insensible d’un jour à l’autre, ne fût universelle. L’idiome moderne commença, et fut d’abord le roman rustique.