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Page:Villetard de Laguérie - Contes d'Extrême-Orient, 1903.pdf/113

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Or, au moment de leur séparation, la jeune fille avait donné à son ami, pour qu’il entendît quelquefois parler d’elle, une pie qu’elle avait élevée et si bien apprivoisée qu’elle lui avait appris à prononcer presque distinctement son nom.

Le jeune homme aimait beaucoup cette bête et, chaque soir, la prenait sur son épaule pour aller verser, par une étroite fissure, dans une caverne parfaitement cachée, et que sa pie lui avait découverte par hasard en poursuivant un scarabée, les pépites et la poudre d’or recueillies chaque jour, et qu’il fallait dérober aux convoitises des autres exilés. Il avait tant travaillé et la chance l’avait si bien favorisé que, quand la seconde année de son exil ramena la septième lune, il était certain d’avoir récolté plus qu’il n’était nécessaire pour payer l’amende à laquelle l’avait condamné son père.

Un soir donc, la nuit tombée, muni de torches de résine et de sacs, il élargit à coups de pioche l’ouverture de sa tirelire, et plongea sa houe dans le monceau de son trésor. Il ne ramena que de la poudre, et après en avoir rempli cinquante sacs, que des éclats de pierre et la terre rouge du fond de la poche. Plus de paillettes ! Plus une seule de ces pépites, dont beaucoup, il s’en souvenait bien, étaient grosses comme de belles noix !

« On m’a volé ! on m’a volé ! s’écria-t-il au désespoir. Justice ! Justice !

— C’est ton oiseau ! » dit le génie de la caverne qu’il venait de délivrer en la piochant. « Tous les jours il entrait plusieurs fois ici et, à chaque fois, s’envolait avec une paillette ou une pépite au bec. Il les a dispersées sans doute en mille endroits de l’immense forêt ! Recommence donc à travailler, mon fils, puisque le sort contraire t’y oblige. Tu sais que la loi d’équilibre, qui fait balancer le ciel et la terre pendant cette septième lune, ne permet pas que le