Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/65

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nuit, et d’élever, en un mot, le ciel à la hauteur de l’époque.

À quoi bon, en effet, ces voûtes azurées qui ne servent à rien, qu’à défrayer les imaginations maladives des derniers songe-creux ? Ne serait-ce pas acquérir de légitimes droits à la reconnaissance publique, et, disons-le (pourquoi pas ?), à l’admiration de la Postérité, que de convertir ces espaces stériles en spectacles réellement et fructueusement instructifs, que de faire valoir ces landes immenses et de rendre, finalement, d’un bon rapport, ces Solognes indéfinies et transparentes ?

Il ne s’agit pas ici de faire du sentiment. Les affaires sont les affaires. Il est à propos d’appeler le concours, et, au besoin, l’énergie des gens sérieux sur la valeur et les résultats pécuniaires de la découverte inespérée dont nous parlons.

De prime abord, le fond même de la chose paraît confiner à l’Impossible et presque à l’Insanité. Défricher l’azur, coter l’astre, exploiter les deux crépuscules, organiser le soir, mettre à profit le firmament jusqu’à ce jour improductif, quel rêve ! quelle application épineuse, hérissée de difficultés ! Mais, fort de l’esprit de progrès, de quels problèmes l’Homme ne parviendrait-il pas à trouver la solution ?

Plein de cette idée et convaincu que si Franklin, Benjamin Franklin, l’imprimeur, avait arraché la foudre au ciel, il devait être possible, a fortiori, d’employer ce dernier à des usages humanitaires, M. Grave étudia, voyagea, compara, dépensa, forgea, et, à la