Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/158

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Alexis écouta le heurt du portail. S’étant approché de la fenêtre, il entendit monter de la rue jusqu’à lui, les rires, un peu assombris toutefois, de J. Bréart et de Nédonchel. Quand leurs pas et leurs voix se furent perdus aux lointains, il revint s’enfermer d’un tour de clef.

— Les trouble-fête ! les niais ! murmura le poète. De quelle utilité, pour ce moribond, ces deux farceurs ont-ils été ?… D’aucune. C’était bien la peine de se moquer de mon rêve, pour aller s’effrayer d’une ombre, et revenir, du Réel en se bouchant le nez !.. Voilà ce que c’est que de n’avoir aucun talent !… — Au dédain de cet Imaginaire, qui, seul, est réel pour tout artiste sachant commander à la vie de s’y conformer, ils ont préféré s’en remettre à leurs sens en se figurant qu’on peut voir ce qu’il y a ! — Enfin, puisqu’ils m’ont créé un « devoir », — allons.

Ce disant, il remplit un verre de punch,