Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

suffit » à se guider vers la Fortune ? — M’étant donc fait recommander au ministre par une danseuse de mes amies, j’obtins de celui-ci, pour le directeur de la maison d’arrêt de C***, une lettre à faire battre aux champs devant mon domestique ; et, sur les trois heures de relevée, l’autre lundi, j’arrivai, valise au poing, à C***. Une fois le seuil franchi de son énorme prison, je remis ma lettre. — Le Directeur lui-même vint me prendre, avec affabilité : on traversa les cours. — Dans un angle du préau, cerné de massives murailles, un poêle, entouré de bancs, chauffait un abri de planches, un poste de surveillants. Le directeur m’y conduisit et m’y laissa seul, m’ayant prié d’attendre que le détenu me fût amené.

Bientôt parut, entre deux gardiens et vêtu de la bure grise des prisonniers, l’ex-notaire. Rien de changé, en sa rectiligne personne !… Une fois seuls, nous nous saluâmes :