Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

» Pénétrez-vous de cette vérité, en y conformant vos actes, — mais en criant au paradoxe, si des clients vous la redisaient ! Vous n’avez point d’or ? Feignez d’en manier ! L’or est comme les femmes, il vient vite à qui s’en occupe toujours. Quant aux « artistes », peignez-vous la tête de leur souvenir. — Fuyez les humbles et les tristes, et les Pauvres : ils sont contraires à la lumière de l’or.

» Bref, rappelez-vous chaque matin le mot du vieux Laffitte mourant, et disant à ses fils : « Comment j’ai fait pour gagner mes millions ?… En ne fréquentant jamais que des gens heureux !  » Sur ce, bonsoir, jeune homme !… Une fois au pouvoir exécutif, si je vois que vous avez renoncé aux rêves et suivi mon conseil, et bien, en retour de votre confiance et de votre visite, la veille de quelque conversion, je vous ferai signe. C’est reçu. »

Ce disant, Pied m’ayant salué, sortit. —