Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/225

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lons, c’était fini ! Que faire ? S’étourdir ? Elle sentit que la vie allait l’entraîner.

Un mois après, à Rennes, elle avait un amant, qui l’installa, sans luxe d’ailleurs. Bientôt, devenue fille galante, elle mena l’existence de gros plaisirs qu’offre la province aux personnes désireuses de « s’amuser ».

Cependant, par une féminine bizarrerie, elle avait gardé, au fond du cœur, un faible pour le passé lointain qu’elle avait trahi si follement. Les lettres douces et réchauffantes qu’elle recevait toujours formaient un tel contraste avec le ton dont les « autres » lui parlaient !… Ne sachant d’elle que ce qu’elle lui en apprenait, le soldat continuait, là-bas, de la respecter et de la chérir. Il est des soupirs qui éclairent : elle l’appréciait davantage, à présent !… De sorte que, sans bien se rendre compte de ce qu’elle osait, elle lui répondait avec la candeur d’autrefois, qu’elle retrouvait en lui écrivant — lui laissant croire, par un jeu triste et pour ga-