Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/268

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qu’elles n’ont connu de la majesté royale que les vêtements de deuil et que, pour prix d’un demi-siècle de courage, de foi, de grandeur et d’abnégation fidèle, il ne leur reste qu’un foyer désert et un tombeau, l’on est bien sévère si l’on trouve à reprendre sur leur compte.

le chevalier. — La reine, voulais-je dire, a cédé elle-même, sans doute, à de trop fidèles partisans du roi défunt. Depuis quand les souverains ne doivent-ils pas oublier jusqu’aux ressentiments devant la Raison d’État. Leur devoir est de lui sacrifier jusqu’à leur douleur.

le duc, pensif. — Oui, tombe remplie, château désert ! Désert surtout, pour celle qui maintenant seule, l’habite encore ! Qui donc a-t-elle perdu ? Un jour, autrefois ! en Italie, où cette adolescente prédestinée vivait au milieu d’une cour brillante, on lui apprit que quelqu’un lui demandait sa main. Et lorsqu’on ajouta que ce futur fiancé, né sur les marches de l’un des plus grands trônes