Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/286

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teniez, d’une main distraite, le long de votre robe de deuil.

Vous écoutiez tout ce bruit.

N’imaginant pas d’ennui comparable au mien, à l’exception peut-être de celui que vous paraissez endurer, madame, je me disais, tout en faisant glisser du sable entre mes doigts pour me donner une contenance :

Si le vent arrachait les roses et s’en allai les semer, là-bas, sur la ligne d’écume d’or, lumineuse, où se lève Vénus ? Quelle distraction inespérée ! Certes, j’irais battant les flots, vers Vénus, les reprendre, non sans quelque solennité, dans la lumière et l’écume.

Au retour, il est vrai, je ne trouverais, sans doute, âme qui vive. Cette dame serait rentrée dans la ville, car il est tard ; — et, seul, déconcerté, ruisselant, pareil à ces innocents, de race immortelle, qui veulent toujours faire les empressés, je serai là, de-