Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/39

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Rabbi Aser Abarbanel, la bouche sèche, le visage hébété de souffrance, considéra d’abord, sans attention précise, la porte fermée. — « Fermée ?… » Ce mot, tout au secret de lui-même, éveillait, en ses confuses pensées, une songerie. C’est qu’il avait entrevu, un instant, la lueur des lanternes en la fissure d’entre les murailles de cette porte. Une morbide idée d’espoir, due à l’affaissement de son cerveau, émut son être. Il se traîna vers l’insolite chose apparue ! Et, bien doucement, glissant un doigt, avec de longues précautions, dans l’entre-bâillement, il tira la porte vers lui… Ô stupeur ! par un hasard extraordinaire, le familier qui l’avait refermée avait tourné la grosse clef un peu avant le heurt contre les montant de pierre ! De sorte que, le pêne rouillé n’étant pas entré dans l’écrou, la porte roula de nouveau dans le réduit.