Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/41

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loin en loin, le dallage. Et quel effrayant silence !… Pourtant, là-bas, au profond de ces brumes, une issue pouvait donner sur la liberté ! La vacillante espérance du juif était tenace, car c’était la dernière.

Sans hésiter donc, il s’aventura sur les dalles, côtoyant la paroi des soupiraux, s’efforçant de se confondre avec la ténébreuse teinte des longues murailles. Il avançait avec lenteur, se traînant sur la poitrine — et se retenant de crier lorsqu’une plaie, récemment avivée, le lancinait.

Soudain, le bruit d’une sandale qui s’approchait parvint jusqu’à lui dans l’écho de cette allée de pierre. Un tremblement le secoua, l’anxiété l’étouffait ; sa vue s’obscurcit. Allons ! c’était fini, sans doute ! Il se blottit, à croppetons, dans un enfoncement, et, à demi mort, attendit.

C’était un familier qui se hâtait. Il passa rapidement, un arrache-muscles au poing, cagoule baissée, terrible, et disparut. Le sai-