Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/142

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— Vous les prenez à partie avec une violence parfois blessante, mon cher enfant ! dit l’Abbé de Solesmes. Avoir beaucoup de charité, cela vaut encore mieux que de faire maigre le vendredi.

— J’enrage, s’écria Louis Veuillot, j’enrage, mon père, lorsque j’entends mes supérieurs en Dieu me recommander la suavité envers ces empoisonneurs d’âmes ! — Vous ne les connaissez pas ! Toute arme est bonne contre ces souriants gredins. Je suis grossier, dit-on. Si je ne l’étais pas, me comprendraient-ils ?… Est-ce que Lacordaire, du haut de la chaire de Notre-Dame, ne s’est pas écrié, en face du Saint-Sacrement, et parlant à l’élite des intelligences catholiques de France : « Quoi ! voici qu’ils enseignent à vos enfants, ces libres-penseurs nouveaux, que l’Homme « n’est qu’un tube percé aux deux bouts », et je n’aurais pas le droit, moi, confesseur de Jésus-Christ, d’écraser sous mes pieds cette canaille de doctrine ? »

Il me semble qu’il ne faisait point là de fleurs de rhétorique non plus, le bon père Lacordaire. Et Donoso Cortès, marquis de Valdegamas, ne fut-il pas encore plus rude, un certain jour ? Il fut glaçant. Eh bien, c’est le ton qu’il faut prendre avec eux, à tels exemples. Ils savent bien qui ils sont, d’où ils viennent, ce qu’ils font et où ils se plongent. Et j’ajoute qu’ils rôtiront bientôt, selon la promesse même du Seigneur. Comment serais-je onctueux envers ces hommes ? Voulez-vous que je dise à Renan, par exemple, à ce vil rat d’église