Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/180

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« Le malin du dies illa, chacun d’eux, étant seul, reçoit en main l’avis suivant, lesté d’une pièce d’or, de la part des Grands-Amis :

« Frère, au reçu de cette lettre (sur laquelle sois muet pour tous, dans les hasards de toutes rencontres), prends ton panier à provisions, descends et va, comme d’habitude, acheter le nécessaire de tes deux repas. En revenant, tu te muniras, chez un épicier, d’un litre d’eau-forte du commerce « pour nettoyer » et, chez un autre, d’un litre de pétrole léger « pour ta lampe ». Cela fait, rentre — et qu’un quart d’heure après tu aies déjeuné, sobrement. À telle heure de l’après-midi, tu reçois la visite de l’un des nôtres : il a demandé le nom de quelqu’un de tes voisins. Il connaît ta porte — et te remet une longue et très légère caisse de bois blanc, de forme ronde et enveloppée d’une serge.

« Elle contient :

« 1° 120 petites billes creuses, en verre, rangées, par trentaines, en quatre carrés bien clos, dûment ouatés et cartonnés, en leurs 120 petites cases. Ces billes sont percées, toutes, comme un poinçon, d’une minuscule ouverture qui permet de les emplir d’un liquide, à l’aide de deux minces compte-gouttes qui les avoisinent.

« 2° Un flacon de pâte forte, — sorte d’enduit de cire, de sable et de gomme, se séchant à l’instant dans l’eau, — pour les boucher, une fois remplies.