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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/185

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« Remplis d’eau l’une des carafes ; — jette dans l’autre toute la cuivrerie du sachet et verse dessus le litre d’eau-forte.

« Les ayant posées, l’une contre l’autre, sur la table, et bouchées, enfonce doucement, par les angles — et bien d’ensemble — dans le trou central de chaque bouchon, les deux bouts du tube de verre, jusqu’à ce qu’ils plongent chacun d’eux en son liquide.

« Bientôt des vapeurs brun rouge circulent à l’intérieur de la triple ligne transparente du tube ; elles viennent pénétrer et foncer l’eau de la première carafe : en moins d’une heure cette eau, saturée de ces vapeurs, est devenue couleur d’ocre.

« Alors tu enlèves bouchons et tube, et les déposes, ainsi que la carafe d’eau-forte, au fond de ton seau d’étain.

« Là, tu les immerges d’eau fraîche ; puis, ayant bien ajusté le couvercle sur le seau, tu le relègues dans un coin.

« L’autre carafe, pleine de l’eau brunie, est demeurée sur la table.

« Il s’agit, maintenant, de remplir de ce liquide soixante (c’est-à-dire la moitié) de tes boules de verre.

« Écoute le seul parfait moyen d’y arriver vite, pour le mieux et sans l’ombre d’un danger : mais dis-toi bien qu’il te suffirait d’en omettre ou transposer un détail pour encourir une catastrophe dont tu ne saurais te faire même une idée, — et dont la terrible durée n’excéderait pas celle d’un clin d’œil.