Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/195

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l’arc, il s’agit d’éviter qu’elle se heurte à quoi que ce soit, le piston de bois contenant quelque chose de sensible… Là ! Bien. — Vous retenez, sous votre index gauche, le milieu de cette flèche sur le centre de l’arc, en ajustant de votre main droite, sur la corde, l’encoche de verre. Serrant fortement, du pouce, le quadrillé, vous vous penchez au dehors et vous tendez l’arc, de toutes vos forces, jusqu’à ce que la naissance du piston touche le centre de l’arc. — Visez l’un des points lumineux, là-bas : elle arrivera toujours dans les environs, ce qui suffit. Là ! Vous tenez la nuit ; penchez-vous largement sur elle, au dehors : ne craignez pas de tomber, j’entoure vos jambes de mes bras et je m’y suspends !… L’heure sonne ! — Envoyez. »

Oui, tel serait le discours que tiendrait sans doute le mécréant, — et, si la prétendue toute puissance de ce brûlot n’était pas exagérée à plaisir, si cette panclastite pouvait être conditionnée à l’hydrogène, par exemple — (ce qui est radicalement impossible dans l’état actuel de nos connaissances puisque l’hydrogène, à haute température, réduit l’acide carbonique), — il ne serait pas inconséquent d’affirmer que de grands désastres pourraient être produits par ce calamiteux engin. Qu’on se figure, en effet, le tableau suivant :

Sitôt la flèche envoyée, un bref coup de tonnerre sonne du côté de l’endroit visé. Ce coup, vingt-neuf autres lui font écho, dans Paris, aux lointains. Et voici que les vociférations d’une multitude hurlante, des milliers d’appels affolés d’hommes et de