Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fixement, comme dans le saisissement d’un vertige, son impénétrable interlocuteur.

Le silence, en cet instant, se fit si profond qu’on entendit, dans les salles voisines, les heurts secs de l’électricité qui, déjà, télégraphiait la grande nouvelle aux extrémités de l’Allemagne et de la terre ; — l’on entendait aussi les sifflements des locomotives qui déjà transportaient des troupes aux frontières. — Favre reporta les yeux sur l’Anneau !…

Et il lui sembla que des présences évoquées se dressaient confusément autour de lui dans la vieille salle royale, et qu’elles attendaient, dans l’invisible, l’instant de Dieu.

Alors, comme s’il se fut senti le mandataire de quelque expiatoire décret d’en haut, il n’osa pas, du fond de sa conscience, se refuser à la demande ennemie !

Il ne résista plus à l’Anneau qui lui attirait la main vers le Traité sombre.

Grave, il s’inclina :

— C’est juste, dit-il.

Et, au bas de cette page qui devait coûter à la patrie tant de nouveaux flots de sang français, deux vastes provinces, sœurs parmi les plus belles ! l’incendie de la sublime capitale et une rançon plus lourde que le numéraire métallique du monde — sur la cire pourpre où la flamme palpitait encore éclairant, malgré lui, les fleurs de lys d’or à sa main républicaine — Jules Favre, en pâlissant, imprima