Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/108

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en-soi, en reconstruisant logiquement la Nature, l’Humanité, la Pensée, — en forçant, pour ainsi dire, l’Apparaître à expliquer le motif de son explosion, — en mettant la Raison humaine de pair avec l’Esprit du monde, enfin, cette antinomie n’a pas été suffisamment ébranlée.

Hélas ! est-ce que nous serions le Devenir de Dieu ? Quelle fatigue !

Oh ! pourquoi l’idée de notre insuffisance intérieure domine-t-elle le pressentiment de notre immense destinée !… Pourquoi ne saurions-nous, quand nous osons nous regarder en face, nous résigner à n’être que plus que des dieux !… Si le progrès, le processus indéfini, donne le bien-être, et, trouvant sa justification dans la nécessité, est l’unique raison de l’existence, d’où vient cette lassitude (nous ne disons pas cette négation), ce malaise presque universel, ce peu d’enthousiasme pour lui ?… L’on n’avancera pas que ce mouvement correspond à son abstraction et contient le premier terme d’une détermination ultérieure : — cette nécessité ne nous paraît pas nécessaire. D’où vient cette réaction instinctive de notre conscience, qui